Similar
L'aggravation du désordre et des difficultés de tous ordres rencontrées par l'institution scolaire conduit à réclamer le retour de l'autorité. Cette revendication insistante appelle une réflexion sur la relation du savoir et du pouvoir, sur les places respectives de la rencontre avec le monde et la transmission dans le processus éducatif, sur la contradiction entre l'idéal pédagogique de non-directivité et la fonction magistrale. Ces six études rapportent la situation d'urgence que connaît aujourd'hui l'école aux interrogations majeures de la philosophie de l'éducation.
A La Réunion, la crise du chikungunya souligne la défaillance du savoir médical et nous plonge dans l'univers oublié de l'ignorance. Elle a excédé de beaucoup les limites du champ sanitaire. Lorsque la rumeur de la cité, la culture du malheur et les nouveaux périls du monde les mettent en cause, la médecine et la philosophie ont à se retrouver autour de la rationalité.
La médecine antique nous semble balbutiante et périmée. Elle peut se lire comme un début, une avancée glorieuse mais réversible à laquelle la médecine moderne aurait d'une certaine façon mis un terme. Pourtant, plus qu'un moment daté elle est un commencement, où la médecine de l'Occident est instituée. Hippocrate représente un accès à la genèse archivée mais vivante du geste médical.
De l'analyse de la techné médicale, Platon avait dégagé ce qui fait d'elle un modèle de compétence et de rationalité et ce qui permet à partir d'elle un éclairage métaphorique sur la cité. Avec Aristote, la philosophie rencontre véritablement la médecine, non plus comme activité de référence pour d'autres fins mais comme une science du visible. Un discours médical nouveau, œuvre exemplaire de la raison, va résulter de cette confrontation.
L'éthique médicale est tenue à juste titre pour la première des éthiques et elle l'est chronologiquement, avec le Serment d'Hippocrate. La philosophie grecque, à travers une série d'éthiques premières, de la vie, de la mort, de l'art, de l'humanité, constitue une sorte de comité d'éthique intemporel. C'est l'exploration de ce legs antique qui est ici proposée.
Ces études invitent à une réflexion sur la relation mutuellement fondatrice de la philosophie et de l'école, actuellement en crise : longtemps considérée comme vaine et obscure, la "discipline reine" est désormais accueillie avec empressement dès l'école primaire, séduite par sa fonction pseudo-socratique d'opérateur intellectuel idéal dans un monde pressé et affairé.
Le principe fondamental de l'École est que les savoirs ne sont pas seulement les résultats de la formation mais qu'ils sont eux-mêmes formateurs. Encore faut-il que les contenus et les modalités de l'enseignement ne compromettent pas cette fonction proprement scolaire. Or l'École d'aujourd'hui se déscolarise sous la pression de la logique libérale, de l'attente sociale, du modèle de l'entreprise, du pédagogisme, des contre-cultures et de toutes les formes modernes d'irrespect pour l'étude...
Haut lieu de la confrontation aux peurs et aux espoirs de la modernité, l'hôpital se présente comme un objet philosophique par excellence, tour à tour examiné ici comme une instance de mise en oeuvre du savoir et du pouvoir de la médecine, comme révélateur idéologique et politique, ou comme univers à la fois sacré et consacré du soin.
La vieillesse s'est imposée avec une sorte d'évidence énigmatique à l'observation des hommes dès les premiers temps de la Grèce, d'abord dans une anthropologie enrichie par la science naissante et le premier discours médical, avant que la philosophie y découvre une sorte de poste avancé de l'existence, où se croisent la vie, la mort et le temps. De cette rencontre du chant du cygne et de l'oiseau de Minerve naîtra, avec le stoïcisme romain, une éthique de l'existence ultime.
Lecteur de Descartes et de Locke, disciple du Quintilien éducateur du De oratore, Rollin confronte les pratiques établies et les idéaux reçus à la réalité des établissements scolaires des années 1700 et aux exigences encore informulées d'une société qui allait changer plus vite que ses écoles, et conduit aussi loin qu'il était possible le double héritage pédagogique de la Renaissance du jansénisme. Ce texte qui donne à l'éducation humaniste sa forme la plus achevée en tire toutes les conséquences pédagogiques pour son époque et pour d'autres.
La philosophie est partout : envahie par les signes, la modernité en recherche le sens, et au-delà des effets de mode, il existe bien dans ce que l'on appelle le grand public un authentique désir de philosopher. Comme on ne peut pas, comme le dit Kant, "apprendre la philosophie" mais "apprendre à philosopher", cet ouvrage propose six parcours pour y accéder.
La peinture du siècle d'or est pour l'histoire de l'art un moment privilégié, où le lien entre l'histoire et la création picturale semble rendre limpide la signification des œuvres. Les spécialistes n'ont cessé de perfectionner le système explicatif créé au XIXè siècle et le discours traditionnel est fait à présent de déductions si assurées que les événements auxquels elles s'appliquent semblent avoir été inéluctables. Au-delà d'une lecture savante, la vocation de l'histoire de l'art est bien de découvrir l'itinéraire dont les oeuvres sont la trace séduisante.
Maître par excellence pour des générations de philosophes, longtemps véritable éducateur public, penseur de l’éducation dont une certaine pédagogie officielle semblait ressentir le besoin, Bergson n’a pourtant consacré aucune de ses oeuvres majeures aux questions éducatives. Entre une contribution à la problématique de l’enseignement de son temps et une vue prophétique de l’avenir que confirme aujourd’hui son caractère étonnamment actuel, la « pédagogie » de Bergson se définit comme l’art de penser l’invention.
Dans les années soixante, Hannah Arendt avait diagnostiqué le caractère fatal de la subversion de l'éducation par la pédagogie et du transfert de l'autorité au monde enfant, qui ont gagné depuis tous les systèmes éducatifs occidentaux. Mais c'est son oeuvre tout entière qui en révèle le "sens", à la lumière des ruptures du siècle, de la perte de la tradition, de la crainte d'un retour du mal, de l'aliénation du monde moderne. Elle a édifié la philosophie de l'éducation de la modernité et elle a renouvelé la promesse humaniste de rendre "tous les commencements possibles".
Six études de Bruno Barthelmé, Charles Coutel, Bernard Jolibert, Jean Lechat, Yves Lorvellec et Bernard Vandewalle réexaminent, à partir des pratiques pédagogiques actuelles et des idéaux qui les fondent, les conditions et les enjeux de l'accès scolaire au savoir scientifique, les apports de la philosophie à ce débat fondateur, la "contre-révolution épistémologique" qui fait de la science elle-même un obstacle, l'idée, essentielle mais souvent malmenée, de culture scientifique.