Alors demain, tous séquencés ? Est-ce la volonté de la France pour 2025, elle qui a débuté le développement de plateformes de séquençage à haut débit du génome humain.
Déterminer notre profil génétique nous promet une meilleure prise en charge des maladies d’origine génétique, à la fois dans leur dépistage, leur prévention et leur traitement. C’est un progrès technique et surtout une évolution importante des connaissances en génétique humaine.
Mais la médecine génomique pose de nombreuses questions pratiques et éthiques. Elle repose sur l’analyse poussée des données d’un grand nombre de personnes. Et à l’ère du Big data, comment traiter ces énormes données et surtout les sécuriser pour que nous en gardions le contrôle ?
Ce n'est pas parce que l'on est capable de séquencer l'ADN que l’on peut lire dans les gènes d’une personne son avenir médical ! nous dit Patrick Gaudray. La seule lecture de la séquence d’un ADN ne suffit pas à comprendre le génome humain. Savoir comment il fonctionne nécessite de prendre en compte son environnement, notre environnement, l’épigénétique, en particulier.
« Séquencer l'ADN, ça veut dire être capable de lire les lettres d'un livre. Mais nous ne connaissons ni la grammaire ni l'orthographe de cette langue, c’est quelque chose qui demande du temps, le temps de la science »
Patrick Gaudray vit à Berthenay, petit village de Touraine. Directeur de recherche du CNRS, ancien chercheur en génétique, il a apporté des contributions importantes en cancérologie, et il a participé aux travaux qui ont conduit au séquençage du génome humain. Ancien membre du Comité Consultatif National d’Ethique pour les sciences de la vie et de la santé (CCNE) et du comité Ethique et Cancer, il siège aujourd’hui au Comité de Prévention et de la Précaution. Auteur de nombreux articles scientifiques, il donne régulièrement des conférences sur les questions de bioéthique, de génétique et des relations entre science, technologie et société.