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« Elle » s'appelle Michèle. Elle dirige une maison d'édition de jeux vidéo, règne sur un ex-mari bohème, un fils immature et une mère fantasque. Elle vit seule dans une belle demeure où, soudain, un intrus la viole... Dans le roman de Philippe Djian, Oh..., Michèle est la narratrice, elle se raconte. Verhoeven a banni la voix off : il suit son héroïne sans donner accès à son intériorité. Plus on en apprend sur elle, moins on la comprend. Encore plus que le livre, le film porte sur l'insondable. Sur la frontière ténue qui sépare l'innocence de la culpabilité, et la normalité de la folie. Que le film soit réalisé par ce Néerlandais issu de l'avant-garde des années 1970, passé par Hollywood et travaillant en France pour la première fois, aboutit à un style détonnant. Elle est un suspense néo-hitchcockien, où le doute plane sur l'identité du violeur. Mais le goût de Verhoeven pour la provocation et la transgression exacerbe la crudité des situations et la cruauté des rapports entre les personnages. Le tout dans un rire sous cape qui rappelle la misanthropie joyeuse d'un Chabrol. Et l'on ne voit pas qui, mieux qu'Isabelle Huppert, aurait pu porter le rôle à ces sommets d'ambiguïté, d'amoralisme, de solitude et de solidité. A travers « elle », survivante d'une apocalypse familiale, le cinéaste rend hommage aux femmes, plus combatives, rusées et résistantes que les hommes dans cette histoire. La Huppert du film se situe à mi-chemin entre deux créatures hollywoodiennes de Verhoeven : la Sharon Stone vénéneuse de Basic Instinct et l'indestructible Robocop.