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Yves Saint Laurent à la lumière de Marcel Proust, voilà la grande idée de ce biopic magnifiquement stylisé. Dès la première scène, le couturier s'installe incognito dans une chambre de palace réservée par lui au nom de M. Swann. On sait quel culte YSL vouait à l'auteur de La Recherche. Lors de son discours d'adieu, en 2002, il l'avait cité, non sans orgueil : « La magnifique et lamentable famille des nerveux est le sel de la terre... » Bertrand Bonello s'en est souvenu. Si le récit va de 1967 à 1976, le temps du film est mouvant, circulaire. D'un côté, un artiste au sommet de sa créativité. De l'autre, l'infusion lente d'une mélancolie tournant à la déraison. Cet étrange mélange de fêtes et de funérailles culmine avec un défilé sublime, en 1976, dans les coulisses duquel YSL erre comme un fantôme, devenu surnuméraire dans son propre empire. Pourtant, cette image crépusculaire ne fige rien, et le film rebondit encore. C'est l'une de ses grandeurs : ne jamais prétendre faire le tour de son sujet. Quand Gaspard Ulliel, que l'on croit être le sosie parfait du couturier, passe devant un authentique portrait d'YSL par Andy Warhol, la ressemblance n'a plus rien d'évident : Yves Saint Laurent reste ailleurs. Insaisissable.