Boccace a trente-cinq ans en 1348 quand, «juste effet de la colère de Dieu», éclate la grande peste qui flagelle l'Italie. Composé dans les années qui suivent, le «Livre des dix journées» s'ouvrira sur ce tableau apocalyptique, à la force grandiose et terrible, qui n'a rien à envier à la description de la peste d'Athènes chez Thucydide.
C'est en effet dans ce contexte que sept jeunes filles courtoises et trois jeunes hommes qui ont conservé leur noblesse d'âme se retirent sur les pentes enchanteresses de Fiesole pour fuir la contagion de Florence, devenue un immense sépulcre, et pendant deux semaines se réunissent à l'ombre des bosquets et se distraient chaque jour par le récit de dix nouvelles, une pour chacun, tantôt sur un sujet libre, tantôt sur un sujet fixé à l'avance pour tous, par la reine ou le roi de la journée. Tel est le premier chef-d'œuvre de la prose littéraire en langue «vulgaire».a