Louis Jouvet, le grand comédien, s'amusait à répéter que l'Avare de Molière était un merveilleux vaudeville. Il est ainsi plus près de la vérité que ceux qui cherchent à dramatiser la pièce. S'il est vrai que certaines scènes opposant Harpagan et son fils paraissent frôler un tragique balzacien, elles ne donnent cette impression qu'à la reflexion ; dans le feu de l'action on n'y voit que de l'humour. Le génie de Molière est d'être arrivé à nous faire rire franchement avec un personnage qui n'est pas drôle en lui même. L'avare est une comédie d'action. L'action de l'Avare c'est la montée des espoirs du vieillard sordide et amoureux, c'est l'alternance des éléments favorables et des obstacles qu'il rencontre, c'est sa volonté de plus en lus ferme de s'assurer en même temps la possession de Marianne et l'accroissement de ses revenus, sans jamais sacrifier l'un à l'autre, c'est l'identification qu'il arrive à faie entre ces deux possessions de sorte que la perte de sa cassette signifie la fin de son amour, et que la cassette retrouvée le console de l'amour perdu. La pièce demeure ce qu'elle est : une unité comique.