La science économique vit au-dessus de ses moyens. Elle prétend tenir les deux extrémités d'un fil qui va de l'abstraction la plus ésotérique à la réalité la plus quotidienne. L'économie est une étrange religion qui, à la différence des religions révélées, doit apporter chaque jour la preuve de l'existence de son Dieu. On attend d'elle la richesse, la prospérité et le bonheur. Ses penseurs, ceux qui ont scandé l'histoire de l'économie, sont en effet tous, à leur manière, des « prophètes du bonheur ». Convaincu que, dans la réalité, l'économie n'est, au contraire, que bricolage, Alain Minc est reparti à l'assaut de ses « prophètes du bonheur ». Il l'a fait à la lumière de son expérience particulière : familier de la théorie mais immergé dans la pratique ; connaisseur de la théorie de l'entrepreneur mais confident des « tycoons » contemporains ; vieux lecteur de Marx, mais défenseur du marché. D'où cette histoire personnelle de la pensée économique : par le choix des auteurs, par le regard posé sur eux, par les leçons tirées. On en ressort avec une hiérarchie différente - réhabilitations, résurrections, « excommunications » -, mais surtout avec une boîte à outils. Elle puise chez les uns et les autres et vise à affronter les chocs du quotidien avec un système de pensée qui, fût-il empirique, a fait ses preuves.