Paru à Venise en 1542, le Beneficio di Giesu Christo crucifisso eut en Italie un retentissement comparable à celui de la Captivité de Babylone en Allemagne, célèbre brûlot de Luther contre la papauté. L'inquisition romaine fut si zélée à le détruire, qu'il n'en subsista qu'un exemplaire dans sa langue originale, retrouvé au 19e siècle dans une bibliothèque de Cambridge. Laissons à Louis Bonnet, traducteur et auteur de la notice biographique sur Aonio Paleario, la belle appréciation suivante : « A quoi un petit écrit de moins de cent pages, publié sans nom d'auteur, sans autre recommandation que son propre mérite, dut-il un succès si extraordinaire ? Uniquement à cet Évangile de la grâce, qu'il expose dans toute sa pureté, sa simplicité, sa suave douceur. C'est bien là la dogmatique du 16e siècle, mais ce n'est ni le cachet de Luther, ni celui de Calvin. Le mot même de dogmatique est ici déplacé, tant on est éloigné d'un système, tant on sent une âme brûlante d'amour pour cette vérité qu'elle a trouvée, souffrant quand elle parle du péché et de la loi, tressaillant de joie en proclamant les parfaits mérites de son Sauveur, pleine d'une sainte tendresse en décrivant son union avec ce céleste Époux.»