Venu au monde à Porto-Rico, dans une Caraïbe joyeuse et mélancolique, Mauricio Gomez-Ravel est un exilé de naissance. Dans les années 1950, Sarah Levy-Lopez, sa mère, énergique, mystique, partage son temps entre Cuba, les Etats-Unis et Porto-Rico. Avec son mari, chanteur de boléro gominé et danseur fluet, ils écument toutes les scènes de la Caraïbe. Mauricio, leur fils, grandit dans cet univers baroque et aisé. A quinze ans, il découvre la passion sensuelle avec la « vierge des rochers », une jeune héroïne de novella, célèbre dans tout le pays pour sa beauté et ses frasques. A la même époque, il s'engage dans la lutte révolutionnaire pro-castriste et devient un véritable tribun. Mais sa mère, en quête de dieu, passionnée de littérature, meurt d'un cancer. Finis les « shows » à deux sur toutes les télévisions d'Amérique. Son mari refait sa vie aux Etats-Unis. C'en est trop pour le jeune Mauricio Gomez-Ravel, qui adorait Sarah Lévy-Lopez, et n'a jamais compris son père. Désespéré, il change de nom, devient Mauricio Ravel en hommage à son célèbre aïeul, et part pour la France. De cette terre lointaine, cosmopolite, toute en frontières, il fait sa nouvelle patrie. Eduardo Manet nous conte ainsi le destin déguisé du jeune étudiant qu'il fut sans doute, vivant de leçons et de petits riens, glorifiant l'amour, la bohème, le théâtre. L'âge venu, voguant entre plusieurs langues, plusieurs nationalités, Ravel fils rencontre Bégonia, une basque espagnole dont il tombe fou amoureux...