Rencontres avec des citoyens syriens en pleine guerre.
Depuis 2011, la Syrie traverse un cauchemar. Une guerre atroce, des morts par centaines de milliers, des destructions apocalyptiques et l’exil pour des millions de citoyens. Sous l'apparente revendication démocratique du début se jouait une partie bien plus sournoise : des rivalités régionales sur fond de l’éternel conflit entre sunnites et chiites, tandis que grandissait le monstre djihadiste avec la complicité de pays voisins. Et pourtant la vie n’a cessé de continuer dans ce pays multiséculaire où l’attachement aux racines n’est pas un vain mot. Beaucoup sont restés, de gré ou de force. Afin de rencontrer ces citoyens au milieu de la guerre, et tenter de comprendre la complexité du conflit, le journaliste François Janne d’Othée s’est rendu plusieurs fois à Damas et ailleurs dans le pays. Ces chroniques, basées sur des reportages, des souvenirs et des rencontres, où se mêlent émotions et géopolitique, jettent une lumière nouvelle sur un conflit qui se trouve à l’épicentre des équilibres mondiaux.
Découvrez des chroniques, basées sur des reportages, des souvenirs et des rencontres, où se mêlent émotions et géopolitique, et qui jettent une lumière nouvelle sur un conflit qui se trouve à l’épicentre des équilibres mondiaux.
EXTRAIT
Malgré les nombreux barrages sur les avenues, Damas garde une apparence de normalité. Les habitants ne s’aventurent toutefois pas dans la périphérie, notamment à Harasta et dans la Ghouta orientale. Rebelles de l’Armée syrienne libre, islamistes et autres djihadistes y occupent plusieurs bastions que le régime bombarde allègrement. En retour, voitures piégées et roquettes font peser une menace permanente en ville. Mais on s’y habitue. « Quand une roquette tombe, on enlève les morts, on nettoie le sang sur le trottoir, et la vie reprend comme avant. Dans les écoles, les élèves descendent dans les caves à la moindre alerte et puis s’en retournent en classe. » Avec son passeport belge, Myrna voyage sans problème : « Mes amis qui n’ont qu’un passeport syrien font l’objet de suspicions et parfois d’humiliations dès qu’ils passent la frontière », raconte-telle. Et pourtant, ils ne se plaignent pas. Sauf des sanctions internationales qui, déclarent-ils, sont source de pénuries et de hausses de prix insupportables. « Dis-le bien à Bruxelles ! » Ce sera le seul coup de gueule qu’elle entendra. Pour le reste, c’était motus. Peur ? Fatalisme ? Dilemme face à des choix cornéliens, entre un régime liberticide mais qui assure la coexistence et des rebelles qui inspirent surtout la peur et la méfiance ? Un peu de tout, certainement.
À PROPOS DES AUTEURS
François Janne d’Othée, journaliste, est spécialisé sur l’actualité internationale. Collaborateur notamment du magazine belge Le Vif L’Express, il arpente souvent les pays en conflit : Rwanda, ex-Yougoslavie, Somalie, Congo, Syrie... et n’en oublie jamais la Belgique, ce laboratoire de la coexistence traversé de tendances centrifuges. Il est l’auteur de Bruxelles, Ceci n’est pas une ville, du guide Petit Futé Rwanda et de L’Afrique centrale vingt ans après le génocide. Il a vécu deux ans au Maroc en tant que professeur de français.
Myrna Nabhan est une politologue syrienne, rédactrice au Huffington Post et réalisatrice du documentaire Damas, là où l’espoir est le dernier à mourir.
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