Au-delà de l’activité historique du hassidisme, largement exposée depuis Gershom Scholem et Martin Buber, nous souhaitons en faire ressortir la singularité « traditionnelle » au sens général où l’entend l’« école de pensée » qui se reconnaît en René Guénon, et dont Léo Schaya (L’Homme et l’Absolu selon la Kabbale) fut une figure insigne. Pensée pérenne qui postule l’unité interne du fait religieux et de sa nature réalisatrice. À travers l’effort d’unification (yihoud) des âmes israélites, porté par les maîtres ou saints (rebbe, tsaddîqim), nous soulignons l’importance vitale du judaïsme hassidique dans la constitution du corps messianique (Ha-Mashîaḥ). Œuvre immense de la rédemption d’Israël, et par là d’une restauration ou réparation (tiqqoun) de l’âme de l’homme en son état adamique premier. Œuvre plus actuelle que jamais, au vu de la déliquescence spirituelle, intellectuelle et morale d’une humanité « à bout de souffle ». Chaque juif pieux (ḥassîd) est par grâce (ḥèsèd) une étincelle précieuse de la présence divine, brillant dans les ténèbres d’un monde narcissique et idolâtre. Témoin de foi et d’espérance, exemple de l’amour que nous devons au Dieu-Un de Noé, d’Abraham, de Moïse... exemple de la charité que nous nous devons et à nos frères.