1989 aura été une année de grâce : le communisme mort, l'optimisme triomphant, le capitalisme arrogant, la démocratie reconnue. Mais le danger gagne vite. Déjà, à l'Est comme à l'Ouest, les nations pointent à l'horizon. Précédées ou accompagnées d'hommes providentiels, cultivant avec une délectation délétère un avatar du national-populisme, elles entendent se venger d'une trop longue humiliation. Leur ferment ? La peur, réelle ou fantasmée. L'incertitude à l'extérieur, les pulsions d'identité à l'intérieur, avec pour prétexte l'immigration et les minorités. Après un demi-siècle d'internationalisme, nous voici obligés de réinventer une idée nationale, elle-même adossée à une vision de la démocratie qui sache prendre en compte cette nouvelle réalité. Et d'en appeler à la résurrection du Politique (contre la politique) et de l'Etat-nation (contre les nationalismes) : "La nation, oui, mais sous le gouvernement de la raison.".