Capoulié du Félibrige, confident et éditeur de Mistral, Pierre Devoluy (1862-1932) ressuscite l'épopée des Camisards lors de la guerre des Cévennes, dans ce roman tissé de poésie provençale et de fibre huguenote. Justifiant son titre, la sève des anciens psaumes de Marot et de Bèze en imprègne toutes les pages, l'atmosphère manifestement authentique des lieux, des coutumes, des caractères, nous transporte sous cette voûte étoilée, si chère à l'auteur, seul toit qui restait aux pauvres fugitifs, persécutés pour leur foi. La valeur du récit ne tient pas seulement à la part d'exactitude des détails historiques, mais le jeu sentimental fictif, qui relie le narrateur, Jean Peiraube, et les deux sœurs Baduel, dont l'une est fervente catholique et l'autre prophétesse du désert, pose symboliquement la grave question d'une entente possible entre les deux religions : cette révolte sanglante n'aurait-elle pas pu être évitée ? L'ambiguïté des convictions religieuses du héros n'y répond pas, et nous laisse avec l'éternelle et lancinante interrogation à propos des voies de Dieu dans l'Histoire, et des directions que l'Esprit Saint veut communiquer à ses enfants.