Parcourant le Brésil et l'Inde, arpentant la Russie du XIXe siècle et le pays de toutes nos légendes, Catherine Clément nous raconte le suicide sacré des veuves indiennes, les écoles de samba, la lutte pour la survie dans le Nordeste, les bûchers de la Khovantchina... Et pose la question : existe-t-il une loi morale vraiment universelle ? Analysant, comparant, opposant, Catherine Clément montre l'extraordinaire persistance des cultures, y compris celles que l'on dit mortes, et rejoint Claude Lévi-Strauss : la "bonne distance" entre les peuples, entre la mère et l'enfant, entre les amants s'établit en tapinois sous le grand tracé tapageur des contradictions et des conflits. Ce n'est pas la raison qui agit mais "la pensée sauvage, bricoleuse, fouineuse, plus féminine que masculine, et qui se moque des belles consciences et de leurs déchirements". Le miel, qu'il soit doux et tendre en Europe, ou violemment enivrant chez les Indiens d'Amérique, est à cette image. Le goût du miel, ce "sweet-and-sour", cet idéal de l'éthique cuisinière, équilibre entre le poivré et le sucré, la cardamome et le safran, l'ail et le gingembre, la vie et la mort...c'est aussi le bonheur.