Michel-Ange est un mythe. De 1475 à 1564, l’artiste fut observé comme nul ne l’avait jamais été avant lui. De Florence à Rome, de Bologne à Carrare, le Toscan fut courtisé et sollicité, jusqu’à ne plus s’appartenir lui-même. Lieu de convoitises princières et de désirs pontificaux, Michel-Ange a cristallisé les espoirs comme les hantises d’une société, parfois malgré lui, souvent en dépit de sa solitude. Sa vie est celle d’un homme capable d’exhumer le passé, de singer le réel, de sculpter la neige et de peindre en voltigeur. De tout abandonner et de ne rien lâcher. Une vie exténuante, volontiers divine, une vie de misères et de splendeurs que d’aucuns ont tenté de relater, souvent partiellement, toujours partialement. Ce livre se propose de revenir sur cette vie et les chefs-d’œuvre qui la peuplent. De revenir sur les malentendus et les silences, sur les faits avérés comme sur les épisodes légendaires, puisque la fortune de Michel-Ange, cette idole païenne, doit aussi bien à la fable qu’à la réalité. On découvrira ainsi une œuvre inscrite dans la cité, objet d’ambassades et d’assemblées, de guerres souterraines et de luttes intestines, de faits du prince et de choix du peuple. On lira ainsi un héraut de la chose publique, un partisan du bien commun, un saltimbanque irrésolu, un fils prodigue, un clown triste, un génie autoritaire, un amant éploré, un homme seul, si seul. Un homme qui acheva rarement ses œuvres, laissant au temps et au regardeur le soin de les compléter. Un artiste éminemment politique.