Le 10 juillet 1940 à Vichy un vote des parlementaires met fi n à une large majorité à la Troisième République.
Le CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), imaginé par Jean Perrin et Jean Zay, finalement créé en octobre 1939, se trouve immédiatement confronté à la nouvelle politique de l’État français. Ses deux premiers directeurs Henri Laugier (section des sciences pures) et Henri Longchambon (section des sciences appliquées) sont démis de leurs fonctions. Ils sont remplacés par Charles Jacob. Ce dernier restera seul à la tête du CNRS jusqu’à la nomination de Frédéric Joliot-Curie, le 20 août 1944, à la Libération.
Charles Jacob prend en main le CNRS et impulse une nouvelle organisation profondément antidémocratique. Une organisation marquée à la fois par l’empreinte idéologique propre aux années 1930 de l’image du Chef et par celle en gestation du technocrate.
C’est cette politique organisatrice du CNRS sous-tendue par la figure en mutation du Chef en technocrate qui est présentée et documentée dans ce livre.
Avec Charles Jacob, le CNRS a survécu à la tourmente, mais en 1944/1945, la démocratie de la recherche était à reconstruire. Comme elle l’est toujours, aujourd’hui encore, car il ne peut y avoir de recherche sans liberté ni démocratie. Une leçon à méditer pour tous les apprentis technocrates.
Michel Blay, philosophe et historien des sciences, est président du Comité pour l’histoire du CNRS.