Depuis son prix Médicis-essai pour La sculpture de soi, Michel Onfray n'a cessé de s'imposer comme l'un des meilleurs essayistes de sa génération. Il y a fort longtemps, déjà, le père de Michel Onfray un homme modeste qui n'avait jamais quitté son terroir normand avoua à son fils que, s'il pouvait voyager, il aimerait bien découvrir le Pôle Nord. Vingt ans plus tard, son fils, devenu un écrivain célèbre, décide de réaliser ce rêve et, en juin dernier, il amena donc son père pendant trois semaines jusqu'à ce « pôle » énigmatique et presque inaccessible... Il en a rapporté un livre qui est à la fois un récit de voyage, une philosophie du froid, une méditation sur les civilisations qui disparaissent, sur les méfaits de l'industrialisation, sur la sagesse des peuples à l'agonie. C'est aussi un livre de fidélité et de piété filiale. Au Pôle Nord, Michel Onfray, philosophe hédoniste, s'est surtout interrogé sur la nature des cultures où le plaisir n'a pas sa place. « Là-haut », « là-bas » tout se joue dans une logique de survie. Il interroge donc la pierre, l'espace, les sites, la répétition des gestes, le conflit de la sédentarité et du nomadisme. Michel Onfray s'est immergé dans la pensée des Inuits ; il s'est renseigné sur les mythes, sur les curieux rapports que les peuples polaires entretiennent avec le nihilisme et l'espérance, sur la merveilleuse sérénité de ces désespérés. On trouvera donc, dans cette approche, des descriptions (splendides), des réflexions, des anecdotes, des échos de conversations avec des guides ou des chasseurs de phoques. Bien entendu Michel Onfray se fait aussi ethnologue, dans le sillage de Jean Malaurie. Il se sert de ce « pôle » pour penser sa propre nostalgie épicurienne du Sud. C'est un texte incroyablement dense, poétique et intelligent. Un photographe a accompagné Michel Onfray dans ce voyage. Il en a rapporté des images saisissantes qui seront reproduites dans un cahier-photo à l'intérieur de cet ouvrage.