Marie-Hortense Cartier, fille d’Hortense Fabre et de Sir George-Étienne Cartier, nous ouvre le grand livre familial à l’occasion du dévoilement d’un monument à la mémoire de son père, l’un des Pères de la Confédération canadienne. Et si celui qu’on honore n’avait pas que des faits glorieux à son actif ? L’action remonte à 1853, au moment où Hortense accouche de Reine-Victoria, la troisième fille des Cartier. Se succèdent ensuite les péripéties d’une vie familiale marquée par les engagements politiques d’un père attaché à la Couronne britannique et par les affrontements que cela occasionne avec la famille Fabre, on ne peut plus patriotique. C’est aussi peu de temps après qu’Hortense Cartier découvre la relation adultère de George avec... sa propre cousine, sa meilleure amie et sa confidente. Cette liaison marque au fer rouge sa vie et celle de ses filles et engendre une cruelle rivalité entre l’épouse et la maîtresse. D’un côté, il y a la femme aux valeurs familiales bien ancrées, mère de deux enfants, au franc parler et à la sensibilité à fleur de peau et, de l’autre, il y a la femme d’affaires indépendante et émancipée qui n’hésite pas à conseiller son amant sur ses engagements politiques. Malgré leurs différences, ces deux femmes de tête ont une chose en commun: leur amour et leur admiration pour George-Étienne. Nous voici donc en présence d’un triangle amoureux qui offre une charge dramatique à laquelle on ne peut rester insensible tant les émotions décrites y sont universelles. La course à la mairie de Montréal du libraire Fabre, l’épidémie de choléra, la visite de Son Altesse Édouard, prince de Galles, à l’occasion de l’inauguration du pont Victoria, le dépôt de 92 résolutions à Londres, la Confédération, l’épisode Louis Riel, le scandale relié aux chemins de fer du Canadien Pacifique sont autant de jalons officiels qui viennent se greffer au récit du tumultueux quotidien des Cartier.