Au-delà de la dispersion des articles commandés évidemment par la circonstance, le plus admirable est de retrouver à chaque page l'exigence d'une pensée inflexible. Pour Nizan, la critique littéraire n'était qu'une arme de l'idéologie. Maintenant que de toute part on dénonce la culture régnante comme une culture de classe, comme un instrument au service des privilèges bourgeois, Nizan apparaîtra dans son éclat de précurseur. Qu'importe alors qu'on ne soit pas toujours d'accord avec lui et qu'on puisse le juger quelquefois sévère ou injuste : la meilleure critique est celle qui a le plus de ton. La violence inspirée de Nizan lui donne une place éminente dans une famille d'esprits qui comprend Céline aussi bien que Malraux, Bernanos aussi bien que Sartre. Pour une nouvelle culture : un livre de combat, un livre de prophète, un grand livre.
Paul Nizan (1905-1940) est l’auteur d’Aden Arabie (1931, réédité en 1961 avec une préface de Jean-Paul Sartre), et de nombreux romans, notamment Antoine Bloyé, Grasset, Les Cahiers Rouges. Ayant rompu avec le Parti communiste à la suite du pacte germano-soviétique, il est mort au combat lors de l’offensive allemande contre Dunkerque à l’âge de 35 ans.