Cette vallŽe s'Žtend, toute unie, large d'une lieue ˆ une lieue et demie, entre des collines arrondies et basses, couronnŽes de ch�nes, d'Žrables et de bouleaux. Bien que fleurie au printemps, elle est d'un aspect aust�re et grave et prend parfois un caract�re de tristesse. L'herbe la rev�t avec une monotonie Žgale ˆ celle des eaux dormantes. On y sent, m�me dans les beaux jours, la menace d'un climat rude et froid. Le ciel y semble plus doux que la terre. Il l'enveloppe de son sourire humide; il est le mouvement, la gr‰ce et la voluptŽ de ce paysage tranquille et chaste. Puis, quand vient l'hiver, il se m�le ˆ la terre dans une apparence de chaos. Les brouillards y deviennent Žpais et tenaces. Aux vapeurs blanches et lŽg�res qui flottaient, par les matins ti�des, sur le fond de la vallŽe, succ�dent des nuages opaques et de sombres montagnes mouvantes, qu'un soleil rouge et froid dissipe lentement. Et, le long des sentiers du haut pays, le passant matinal a cru, comme les mystiques dans leurs ravissements, marcher sur les nuŽes.
C'est ainsi qu'apr�s avoir laissŽ ˆ sa gauche le plateau boisŽ du haut duquel le ch‰teau de BourlŽmont domine le val de la Sa™nelle et ˆ sa droite Coussey avec sa vieille Žglise, la rivi�re flexible passe entre le Bois Chesnu au couchant et la c™te de Julien au levant, rencontre, sur sa rive occidentale, les villages de Domremy et de Greux, qui se touchent, sŽpare Greux de Maxey-sur-Meuse, atteint, entre autres hameaux blottis au creux des collines ou dressŽs sur les hautes terres, Burey-la-C™te, Maxey-sur-Vaise et Burey-en-Vaux, et va baigner les belles prairies de Vaucouleurs.