Sorti du rêve, le mythe consacre la conscience de la séparation et de la perte en même temps que le désir de restaurer le lien au monde et à autrui en poésie, par élargissement des horizons à ceux de l'inconscient, par le ressaisissement du devenir et la mise en perspective de l'existence au sein du visible, mais aussi en cet espace potentiel de la distance, du désir et du deuil à la fois. Le mythe contribue à cette tâche moderne de la poésie, la réactualisation de l'être en sa perception subjective, son réenchantement par réactivation du lien entre macrocosme et microcosme par-delà la dualité scientifique ou philosophique. Le merveilleux consiste en ce lien au monde poussé jusqu'aux horizons de l'imagination tandis que le désenchantement est absolue séparation. L'oeuvre, qui situe le poète au monde (le met au monde), se comporte comme son corps symbolique. Lien au monde et lien au corps sont deux facettes du même travail de la conscience comme "être au monde ou existence" : réactualisation de l'être en sa totalité donc. Cette seconde partie de Poésie et mythe : je, tu, il/elle aux horizons du merveilleux, qui associe en son approche phénoménologie, linguistique et psychanalyse, se veut aboutissement de la réflexion entreprise, à partir des cinq même poètes, dans Poésie et mythe : Réenchantement et deuil du monde et de soi (L'Harmattan, 2000).