A l'occasion de sa mort, Auguste Dorchain (1857-1930) fut appelé par Émile Delval le dernier Poète Parnassien, formule ostensiblement panégyrique, qui n'en recouvre pas moins une réalité observable aujourd'hui, à savoir que l'élément constitutif fondamental de la poésie française d'autrefois, le VERS, n'existe plus. Pour l'internaute lambda, ce mot n'évoque plus qu'une ligne de longueur sensiblement inférieure à la largeur de l'écran, éventuellement suivie d'autres semblables, et de signification suffisamment vague, pour échapper à toute critique. C'est pourquoi le traité de prosodie de Dorchain, est un outil remarquable pour ceux qui cherchent à comprendre et à goûter la poésie classique. Par de nombreux exemples, il établit de manière convaincante que les règles de la versification française ne sont pas arbitraires, mais fondées sur l'acoustique de notre langue, et sur la psychologie de l'âme humaine. Le rythme syllabique, la rime, la césure, la strophe, y font tour à tour l'objet d'une étude approfondie, et de remarques inédites. En écrivant l'Art des Vers, l'auteur se sentait certainement pressé de léguer aux générations à suivre, qui parleraient encore le français, un précieux testament spirituel.