Un soir méditant sous un arbre, sur la rive d'un fleuve, Gotama atteignit l'éveil. Le zen est l'interprétation chinoise de cette illumination, source vivante du bouddhisme. Il se présente comme une expérience informulable. Elle implique cependant un vécu temporel spécifique : l'intuition de la durée décrite par Bergson. C'est la voie d'accès à la doctrine. On doit, à partir de cette hypothèse, comprendre la spontanéité efficace propre au zen telle qu'elle se manifeste, par exemple, dans l'escrime, le tir à l'arc ou la peinture Sumiye. On peut aussi saisir par là sa parenté avec des spontanéités analogues, développées dans des contextes différents, comme le quiétisme chrétien et l'activité hystérique, ou sa radicale opposition à la définition occidentale du comportement volontaire. Ainsi le zen n'est pas une originalité irréductible de l'Orient mais une expérience que l'on peut cerner en la situant par rapport à d'autres, semblables ou opposées, de la pensée universelle.