La nuit tombe...

Library of Alexandria · AA bidezko narrazioa, Fiona narratzailearen ahotsarekin (Google-koa)
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6 h 57 min
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Egokia
AA bidezko narrazioa
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Une averse rageuse bat mes vitres, les cingle de gouttelettes haletantes, sous la rafale d’équinoxe… Une averse qui sera brève comme une colère soudaine et trop violente. Déjà les nuées lourdes se déchirent et se cernent de lumière. Leurs flocons déchiquetés s’éparpillent vers les lointains d’un ciel très bleu, très pur, d’un bleu presque aigu, dans son intensité. Et alors, je ne sais pourquoi, tout à coup, l’idée me traverse le cerveau que mon Moi intime ressemble à ce ciel tourmenté, où se heurtent des ombres, des clartés, des souffles de tempête ; où les pleurs de la pluie sont soudain dévorés par le feu d’un rais de soleil. Cette âme houleuse, qui la devinerait — et je m’en amuse… — chez la jeune dame dont, en ce moment, l’image se reflète dans la glace du panneau qui me fait face ? Cette jeune dame a la mine paisiblement nonchalante d’une créature étrangère à tout ce qui bouleverse, distrait ou passionne l’innombrable foule de ses sœurs. Elle ne paraît rien regretter ni souhaiter. Je viens de la regarder un instant, toute mince en son kimono à grandes fleurs bizarres ; sa petite figure d’une pâleur chaude, coiffée de cheveux châtain doré dont les vagues aventurent un flot capricieux au-dessus des yeux sombres. Les coudes dressés sur la table à écrire, elle avait le menton appuyé sur ses mains jointes, un air de parfait je m’en fichisme, le regard songeur et la bouche moqueuse… Moqueuse en cet instant surtout, où elle constatait à quel point sa forme périssable gardait bien les mystères de son jardin secret. Chère petite forme périssable, de votre discrétion combien je vous ai de gré ! Mais, ce matin, vous m’intéressez moins que le large ciel où le vent entraîne des nuées éperdues. Pour le mieux contempler, j’ai laissé tomber ma plume sur le buvard qu’elle a strié d’un trait obscur. Et j’ai regardé l’eau gicler contre mes fenêtres closes, jouissant avec un plaisir égoïste d’avoir l’abri de ma grande chambre claire où, dans la cheminée, crépitaient les bûches, — j’ai l’horreur des calorifères ! — où flottait la senteur d’une botte de violettes dont la chaleur du foyer exaltait le parfum printanier.

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