Sur la pierre blanche et Pierre Nozi_re
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Le 1er mai, vers cinq heures du soir, ils franchirent comme de coutume, la petite porte septentrionale, inconnue du public, o� le commandeur Giacomo Boni, directeur des fouilles, les accueillit avec son amŽnitŽ silencieuse et les conduisit jusqu'au seuil de sa maison de bois, ombragŽe de lauriers, de tro�nes et de cytises, qui domine cette vaste fosse creusŽe, au si�cle dernier, dans le marchŽ aux boeufs de la Rome pontificale, jusqu'au sol du Forum antique.
Lˆ, ils s'arr�tent et regardent.
En face d'eux se dressent les fžts tronquŽs des st�les honoraires et l'on voit comme un grand damier avec ses dames ˆ la place o� fut la basilique Julia. Plus au sud, les trois colonnes du temple des Dioscures trempent dans l'azur du ciel leurs volutes bleuissantes. A leur droite, surmontant l'arc ruineux de Septime SŽv�re et les hautes colonnes des demeures de Saturne, les maisons de la Rome chrŽtienne et l'h™pital des femmes Žtagent sur le Capitole leurs fa�ades plus jaunes et plus fangeuses que les eaux du Tibre. Vers leur gauche s'Žl�ve le Palatin flanquŽ de grandes arches rouges et couronnŽ d'yeuses. Et sous leurs pieds, d'un mont ˆ l'autre, entre les dalles de la voie SacrŽe aussi Žtroite qu'une rue de village, sortent de terre des murs de brique et des bases de marbre, restes des Ždifices qui couvraient le Forum au temps de la force latine. Le tr�fle, l'avoine et l'herbe des champs, que le vent a semŽs sur leur fa”te abaissŽ, leur font un toit rustique o� flamboie le coquelicot. DŽbris d'entablements ŽcroulŽs, multitude de piliers et d'autels, enchev�trement de degrŽs et d'enceintes: tout cela, non point petit, assurŽment, mais d'une grandeur contenue et pressŽe.f
